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Détruire le E-Myth ou Comment Créer une Véritable Entreprise

Lorsque vous avez lancé votre activité, avez-vous créé une entreprise ou… un emploi ? Cette distinction est fondamentale pour celles et ceux qui souhaitent développer leur activité, qui veulent passer du statut d’entrepreneur à celui de chef ou cheffe d’entreprise. Si vous êtes prêt à passer de la petite boîte à la grande boîte, découvrez les secrets du livre The E-myth et les précieux conseils de l’auteur de l’ouvrage, Michael Gerber.

Qu’est-ce que le e-myht ?

Le e-myth ou mythe de l’entrepreneur est l’idée selon laquelle il suffit des compétences et d’une bonne idée pour créer une entreprise prospère. Cette idée est d’ailleurs largement utilisée pour vendre des accompagnements et coachings aux entrepreneurs débutants. Après tout, Marc Zuckerberg avait les compétences et l’idée, et il a réussi. Pareil pour Bezos, Gates et tous ces entrepreneurs devenus multimillionnaires en commençant dans leur garage.

Alors, pourquoi pas vous ?

Parce que si vous avez les compétences et l’idée, mais pas de système, vous ne créez pas une entreprise, mais un emploi (ce qui est bien aussi – c’est mon cas – mais cela ne vous rendra pas multimillionnaire).

De plus, des compétences métier ne permettent pas de diriger une entreprise. Une personne douée en coiffure n’a pas nécessairement les compétences pour diriger son propre salon. De même pour un boulanger, un rédacteur, un barista, un plombier ou un informaticien. La gestion d’entreprise ne nécessite pas forcément de compétences métier. En réalité, au plus l’entreprise grandit, au moins ces compétences sont importantes pour un dirigeant. Celui-ci doit être capable d’engager les bons experts, ainsi qu’avoir du leadership, une vision stratégique et des capacités en gestion.

Les conséquences du e-myth

Vous avez claqué la porte de votre employeur pour vous mettre à votre compte. Désormais, vous voulez travailler pour vous. Choisir vos horaires, vos clients et finalement, créer cette entreprise dont vous rêvez.

Alors, vous vous mettez à la tâche. Vous faites la promotion de votre nouvelle activité, vous cherchez vos premiers clients. Vous trouvez vos premiers clients, vous effectuez le travail convenu. Vous faites vos factures, votre compta, vos taxes… Et… vous recommencez. Encore et encore. Félicitations, vous avez créé votre nouvel emploi !

Selon les termes consacrés, vous travaillez DANS votre entreprise. Et encore une fois, il n’y a rien de mal à cela. C’est une forme d’entrepreneuriat qui permet une certaine flexibilité. Si cette activité est rentable et vous convient, vous pouvez en rester là.

En revanche, c’est un problème si cette organisation ne correspond pas à vos ambitions de départ – créer une entreprise au sens strict. C’est aussi un problème si toutes les tâches annexes à votre activité principale (prospection, administratif, etc.) ne vous permettent pas d’être rentable. Dans ces hypothèses, vous devez mettre en place un système qui vous permet de travailler SUR votre entreprise.

La leçon principale du e-myth pour les créateurs d’entreprise

La leçon principale du livre The E-Myth est que si vous souhaitez créer une entreprise au sens strict, vous devez travailler sur cette entreprise. Votre société doit être indépendante de votre travail quotidien.

Vous devez vous détacher des tâches quotidiennes et répétitives qui vous accaparent et vous empêchent de vous consacrer à des thématiques plus stratégiques. Vous devez dégager du temps pour pouvoir avoir une vue d’ensemble de votre entreprise et la conduire dans la bonne direction.

Comment en finir avec le e-myth ?

Selon l’auteur, le développement d’un business repose sur la systématisation des activités. Les premiers mois servent de phase d’observation au cours de laquelle l’entrepreneur détermine les besoins (recrutement, automatisation, etc.). Après cette phase, il doit créer et implémenter des processus qui permettent à l’entreprise de fonctionner sans son intervention. Cela passe par l’automation de certaines activités (voir encadré), mais aussi par la répartition des fonctions clés, par la création de procédures et par la délégation. 

La systématisation est plus large que l’automation. L’automation marketing consiste à utiliser certains outils technologiques afin d’automatiser certaines tâches de promotion, telles que l’envoi de séquences d’emails ou la publication sur les réseaux sociaux. L’automation marketing permet donc à l’entrepreneur de gagner du temps sur certaines tâches répétitives. À ce titre, elle relève de la systématisation recommandée par l’auteur. Mais il ne s’agit que d’un élément de la systématisation. En effet, n’oubliez pas que l’ouvrage a été publié en 1990, époque à laquelle l’automation n’existait pas.

Dans un premier temps, cette systématisation des tâches et procédures permet d’organiser le noyau dur de l’entreprise. Après quelques années, elle peut aussi permettre d’ouvrir des franchises ou des succursales.

McDonald’s, l’antithèse du e-myth

McDonald’s est un bon exemple de systématisation ayant mené à un développement rapide, mais constant des activités de l’entreprise. Le premier restaurant a été ouvert par deux frères en 1940. À l’époque, il proposait différents plats, mais 8 ans après le lancement du restaurant, les fondateurs ont constaté que l’essentiel de leurs revenus provenait des hamburgers. C’est le début de la systématisation de McDonald’s.

  • L’offre est réduite pour se concentrer sur les produits consommés par 80 % des clients du restaurant (la fameuse règle de Pareto).
  • Le restaurant se transforme en service rapide (fast food).
  • Les livraisons sont remplacées par un système de drive in.
  • La vaisselle traditionnelle est remplacée par de la vaisselle jetable (no comment).

Ces actions permettent de réduire les frais et de fluidifier les activités. Les frères McDonald’s divisent et standardisent clairement chaque tâche ce qui leur permet de rapidement ouvrir des franchises.

En effet, les franchises créées dès 1953 suivent les procédures mises en place dans le restaurant d’origine. Progressivement, la systématisation s’est renforcée pour assurer une qualité constante entre les plus de 38 000 établissements répartis dans le monde entier. Elle se traduit par :

  • la formation des employés et des nouveaux franchisés ;
  • des normes de sécurité et d’hygiène appliquées dans tous les restaurants de la chaîne ;
  • une offre constante partout dans le monde ;
  • des normes de qualité uniformes ;
  • une procédure pratique et systématique pour l’expérimentation de nouveaux produits.

La leçon à retenir de “The E-Myth” (le mythe)

The E-Myth a été traduit en français et est disponible sous le titre E-myth : Le mythe de l’entrepreneur revisité: Pourquoi la plupart des petites entreprises échouent et que faire pour réussir (éditions Alisio).

Si vous êtes ravi d’avoir créé votre emploi en devenant indépendant, alors ce livre ne vous intéressera pas. En revanche, si vous regrettez de passer plus de temps à travailler dans votre entreprise qu’à développer une société rentable, ce livre est un incontournable. Il est destiné aux personnes qui veulent créer une organisation distincte de leur personne, une structure qui fonctionne sans leur intervention constante. Vous y découvrirez les bases pour systématiser votre activité et ainsi, passer plus de temps sur le pilotage de votre entreprise.